Après avoir fait escale à Tallinn, en Estonie —le temps de visiter le centre de cette ville aux airs de conte de fée— le Princess Anastasia arrive en vue des terres suédoises par un matin pluvieux. Malgré le mauvais temps, nous sommes vite séduits par l’archipel de Stockholm, ses petites maisons rouges et ses pontons où sont amarrés des bateaux en bois.
A peine débarqués, nous contournons Stockholm —nous y reviendrons plus tard pour un meeting VW— et roulons vers Sigtuna, un des plus anciens villages du pays. En chemin, nous nous arrêtons chez Paruzzi, un revendeur de pièces VW. La fuite d’huile qui nous inquiétait déjà en Russie est toujours présente mais reste modérée. Malgré cela, nous demandons à Johannes, le propriétaire, s’il ne connaît pas quelqu’un susceptible de nous conseiller et nous aider. Un quart d’heure plus tard, nous voyons débarquer Bosse, LE spécialiste VW de la région, dans une coccinelle vrombissante. Après un rapide coup d’œil, il nous rassure en disant que la fuite est effectivement très raisonnable, et qu’en faisant l’appoint et en surveillant nous pourrons abattre les 1500 derniers kilomètres jusque la Belgique. Nous voilà soulagés, prêts à repartir. On donne rendez-vous à Bosse et Johannes quelques jours plus tard au meeting VW, et on reprend la route. Les deux jours qui suivent nous explorons la région, les petits villages parsemés de pierres runniques et le nord de l’archipel de Stockholm. Nous savourons ce que nous savons être nos derniers jours sur la route. Terminer par la Suède nous semble d’autant mieux que le pays applique « l’allemansträtt », une loi fondamentale qui autorise n’importe qui à camper n’importe où, selon certaines conditions —« of common sense » nous dira Bosse un peu plus tard— c’est à dire en respectant l’environnement et les gens. La base du petit campeur en vadrouille en somme ! Nous bivouaquons donc dans des endroits privilégiés, en bord de lac ou dans des ports sans jamais être inquiétés.
La veille de notre retour sur Stockholm, c’est la catastrophe. Nous constatons que la fuite d’huile a atteint des proportions beaucoup trop importantes que pour continuer la route. Nous téléphonons à Bosse, qui ne peut malheureusement nous recevoir ce jour-là et nous promet de regarder à ça le lendemain au meeting. Nous consacrons donc l’après-midi à visiter le centre historique de Stockholm, avec une petite boule au ventre et une question lancinante en tête : parviendrons-nous à rentrer avec le van ?
Le jour suivant, le soleil est au rendez-vous pour la réunion des ancêtres VW sur les hauteurs de Stockholm. Nous oublions presque nos soucis, le temps d’un interview par un journaliste local. En fin de journée, nous suivons prudemment Bosse jusqu’à son atelier, situé à une trentaine de kilomètres de Stockholm. Le verdict est sans appel, le bloc moteur est fêlé, et la fissure n’est pas réparable. En d’autres termes, il faut remplacer le moteur. A 1500 kilomètres de l’arrivée, on pourrait le prendre comme le coup de grâce, mais on ne se laisse pas démonter —le moteur, si— et Martin et Bosse se mettent à travailler en tandem pour remplacer l’engin. Dans notre malheur, nous avons tout de même de la chance, car notre sauveur est prêt à nous vendre le bloc moteur de sa coccinelle, sur lequel Martin ira greffer nos accessoires. En plus de cela, il nous accueille à bras ouvert et les deux jours que dure la réparation sont ponctués de barbecues et d’apéros. Malgré l’ampleur du boulot, c’est de loin la plus agréable des complications que nous ayons pu avoir ! Au matin du troisième jour, quand le moteur redémarre, le ronronnement des cylindres sonne comme un chant de victoire à nos oreilles. Sous un ciel radieux, nous nous élançons sur la route, après avoir des au-revoir pleins de gratitude.
C’est la dernière ligne droite. Dans deux jours, nous prendrons le bateau à Malmö jusque l’Allemagne, et puis il ne restera plus qu’une poignée de kilomètres (à l’échelle d’un tour du monde du moins) avant de pouvoir dire : «Home sweet home. »
Ceci clôt définitivement notre tour du monde en van volkswagen de 1972. La fin d’un projet, certes, mais certainement pas notre dernière aventure. Merci pour vos commentaires et votre intérêt, ce fut un plaisir de partager nos carnets de route avec vous !
A bientôt pour une prochaine virée 😉
Et bien, vous allez me manquer ! J’ai suivi très régulièrement votre périple depuis avant le départ et toujours avec passion. Félicitations pour la qualité rédactionnelle de vos articles et pour votre persévérance.
J’espère que si un nouveau projet se fait jour, vous avertirez vos « commentateurs ». Je m’en réjouis déjà.
Et bon courage pour le grand contraste de la vie en Belgique.
Jean
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