Le 15 avril 2017, nous débarquons à Montevideo. Les formalités douanières se déroulent sans encombres, on est même surpris de la facilité avec laquelle les choses se passent. La fouille du combi est sommaire, et nous nous retrouvons vite libres comme l’air. Arrivés un samedi matin, nous avons décidé de consacrer le weekend à la visite de la capitale. Nous nous rendons rapidement compte que cela sera amplement suffisant ! Montevideo n’a rien a voir avec Buenos Aires ; les rues sont paisibles, la circulation inexistante. Après avoir garé antsyvan dans un parking sécurisé et déposés nos affaires dans une guesthouse sympathique occupant un vieil immeuble aux plafonds immense, nous partons explorer la ville. De la rambla bordant le Rio de la Plata au Mercado del Puerto animé du centre, nous flânons de tout notre soûl, contents de ne plus avoir d’heure limite à laquelle nous devons « rentrer ». Dans les halles du vieux marché du port, nous découvrons un endroit très animé, en contraste avec le reste de la ville. On dirait que la moitié de habitants de la ville s’est réunie pour s’attabler aux nombreux comptoirs entourant d’immenses grillades au feu de bois., les fameuses « parillas » Lorsqu’on parvient à se dégotter deux petites places en coin de comptoir, nous nous retrouvons complètement perdus face à l’immense choix proposé. Mais un homme assis à côté de nous vient à notre secours et nous recommande quelques plats affichés dans le menu. Nous y allons à l’aveugle et nous nous retrouvons vite attablés devant une portion de frites énorme recouverte d’oignons caramélisés, des poivrons grillés, une tranche de provolone grillé et du pain à l’ail. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on fera régime!
Quelque peu alourdis, nous passons le reste de l’après-midi à nous promener. Nous remarquons que beaucoup de personnes, tout âge confondu, se baladent avec un thermos coincé sous le bras et une espèce de petite calebasse avec une paille plate. C’est donc ça, l’infusion qu’on appelle « maté ». Nous nous promettons d’essayer de goûter la chose (ce qui n’est pas forcément facile vu que ça ne se sert pas dans les cafés apparemment).
Nous passons une nuit quelque peu perturbée, étant tenus éveillés jusque 4h du matin par une musique latino d’une chanteuse éplorée venant d’un bar en bas de notre guesthouse. Nous n’aurions pas été contre de profiter d’un peu de musique locale si ça n’avait pas été quatre titres tournant en boucle !
Le lendemain matin, nous parcourons la Feria de Tristan, le grand marché du dimanche, où nous souhaitons nous approvisionner en fruits, légumes et autres vivres avant de prendre la route. Une fois chose faite, nous disons au-revoir à Montevideo et nous élançons sur la route « interbalnearia » longeant la côte est. Vers la fin d’après-midi, nous arrivons à notre premier lieu de campement. Nous nous installons sur le terrain de Jan et Marieke, un couple d’expatriés hollandais qui mettent à disposition leur terrain, leur wifi et une salle de bain à disposition des voyageurs pour une modique somme. Là, nous nous rendons vite compte que notre rangement et notre organisation du van est loin d’être idéale pour déployer un bivouac de manière efficace. On se marche dessus, on galère, on s’énerve, et pour finir on se retrouve à cuisiner dans le combi parce qu’il fait déjà noir dehors. Le lendemain matin, l’humeur des troupes est à nouveau au beau fixe et nous décidons de tout réorganiser. La tâche est de taille ; quand nous avions chargé le combi avant notre départ, nous étions dans l’optique d’essayer de tout caser coûte que coûte, au détriment de l’aspect pratique. Ayant appris la leçon, c’est au milieu d’un joyeux foutoir que commence à se dessiner un rangement plus logique, plus pratique. Au final, tout rentre, et nous ne devons plus retourner tout le combi à la recherche d’un essui de main ou de la bonbonne de gaz. Satisfaits, nous nous remettons en route, direction le petit village de Jaureguiberry. Là-bas nous attend «Una Escuela Sustentable », premier sujets des Carnets d’Alison. Nous continuons ensuite de rouler, direction l’est, et peu avant le coucher du soleil nous dénichons un endroit tranquille, à deux pas de l’océan. Il s’agit d’un petit parking caché au milieu d’une végétation dense, d’où part un sentier rejoignant la plage à travers les dunes. L’endroit est parfait. Nous déployons nos affaires en un claquement de doigt et en moins de temps qu’il ne fait pour le dire le repas est prêt. Au menu, curry de légumes au lait de coco. Pas mal pour des débutants! Nous nous endormons rapidement malgré l’heure peu avancée et le lendemain matin nous nous réveillons à l’aube au son des vagues. On reprend la route et profitons de quelques arrêts aux pompes à essence pour « scroller » un peu ; les mauvaises habitudes ont la vie dure!
Peu à peu les nationales goudronnées laissent place à des routes de terre rouge. Antsyvan s’élance sur ses premières pistes dans un nuage de poussière. Le ciel est immensément bleu au-dessus des plaines infinies, la sensation est grisante. Nous avalons les derniers kilomètres qui nous séparent de la Punta del Diablo en quelques heures à peine. Nous y découvrons une station balnéaire qui ressemble à un mélange de village de pêcheurs avec un spot pour surfeurs. Ambiance décontractée au milieu de petites maisons colorées. Petite lacune dans notre programme, nous avons complètement oublié de vérifier s’il y avait des distributeurs automatiques. Il n’y en a pas, et nous sommes presque à sec! Cela nous apprendra… malgré cela nous passons une bonne après-midi à nous promener , à papoter avec d’autres voyageurs, et nous nous offrons même le luxe d’une caïpirinha. A 2 euros le cocktail, on ne se ruine pas!
Nous passons la nuit en bord de mer et le lendemain nous assistons à un lever de soleil spectaculaire. Mais un événement inattendu vient assombrir ce tableau idyllique ; de retour d’une ballade matinale, on découvre que quelqu’un a tenté de forcer la serrure du combi. Ecoeurés, nous décidons de lever les voiles illico, bien qu’il était prévu que nous passions encore une journée sur place pour rencontrer d’autres voyageurs belges. Nous disons au revoir à la mer, que nous ne reverrons pas de sitôt ! et commençons à remonter vers le nord, direction l’Argentine. Le temps se gâte, et les pistes passent de poussiéreuses à boueuses. Nous roulons sous un ciel gris, donnant un aspect assez mornes aux plaines que nous traversions. Qui a dit qu’un tour du monde c’était sunshine et cocotiers non-stop ?! ce qui est sûr, c’est que le combi en prend plein châssis avec toute cette boue !
Vers la fin d’après-midi nous arrivons dans une petite bourgade au milieu de nul part et après quelques errances nous nous faisons accoster par un homme qui, au bout de quelques échanges, nous guide en voiture vers un parc municipal surveillé où nous pouvons passer la nuit gratuitement. Nous sommes positivement surpris, et reconnaissants surtout. A défaut d’être joli, l’endroit est sécurisé, il y a des douches (froides, certes, mais après deux jours de toilette sommaire on ne fait pas les difficiles), et on capte le wifi du restaurant à côté!
Nous repartons le lendemain matin, frais et dispos ! Le temps s’améliore au fur et a mesure que nous remontons vers le nord, et nous passons la frontière en début d’après-midi, sans encombres. Nous revoilà en Argentine! Arrivés à Colon, petite ville bordant le fleuve Parana qui marque la frontière entre l’Uruguay et l’Argentine, on se met en quête du camping que nous avons repéré un peu plus tôt dans la journée. Manque de chance, celui-ci est complètement inondé à cause des récentes pluies qui ont fait monter le niveau du cours d’eau! Tous les autres campings de la ville sont fermés vu que nous sommes en basse saison. Pas de parc municipal non plus cette fois, nous n’avons d’autre choix que de nous rabattre sur un petit motel un peu excentré. Nous ne sommes pas hors budget, mais ça ne nous empêche pas de ressentir une petite pointe de culpabilité malgré tout. Il va falloir mieux faire, si on veut arriver au bout de notre voyage! Après avoir largué nos affaires et envoyé quelques photos à nos partenaires, nous rejoignons le centre-ville, à vingt minutes de marche. On passe la fin de la journée à se promener parmi les touristes, assez nombreux malgré cette période de l’année. La matinée qui suit, nous la passons à chercher un récipient de liquide de frein pour remplacer celui qui n’a pas supporté les chocs sur les pistes uruguayennes. Nous écumons les magasins de pièces automobiles du coin, en vain. L’affaire n’étant pas urgente (il s’agit du réservoir de remplissage, pas le principal), nous remettons à plus tard notre quête et nous nous remettons en route. Destination Iguazu, à 900km! Nous faisons cette route en deux étapes, traçant sur la Ruta Nacionale 14 et passant la nuit sur le parking d’une pompe à essence entre les camionneurs. Avant d’arriver à Iguazu, nous faisons un crochet par San Ignacio afin de visiter les vestiges d’une mission jésuite datant du XVIIe siècle. On arrive à Puerto Iguazu, la ville située à 15km du parc national, dans le courant d’un samedi après-midi. Dimanche, nous nous réveillons de bonne heure et rejoignant le parc à l’ouverture. Le complexe à l’entrée du parc rappelle celles des parcs d’attraction, mais cette impression s’estompe vite une fois qu’on atteint les sentiers s’enfonçant dans la jungle. Nous passons de passerelle en passerelle et de petite cascade en cascade dans un émerveillement croissant , jusqu’à arriver en vue des fameuses chutes. Le spectacle est à la hauteur de nos attentes, voir plus. Au fur et à mesure que nous nous approchons des « cataratas », nous sommes saisis par la grandeur, la puissance, la beauté des lieux. La chose a déjà été dite, écrite et redite, mais elle n’en reste pas moins vraie : face à une telle démonstration des forces de la nature, on se sent tout petit. Nous ne quittons le parc qu’en fin de journée, avec le sentiment d’en avoir pris plein les yeux.
Le lendemain, nous nous remettons en route. Plutôt que de rebrousser chemin et de redescendre l’étroite province de Misiones (nord-est de l’Argentine) au sommet de laquelle se trouvent les chutes, nous choisissons de traverser le Paraguay en quelques jours pour ensuite refranchir la frontière argentine, côté nord-ouest. Nous passons non pas une mais deux frontières, car pour aller au Paraguay en voiture il faut passer par le Brésil pour une question de formalité administrative pour le combi. A nouveau, nous les passons sans encombres, la chance nous sourit ! C’est la tête encore pleine d’images de la veille que nous arrivons au Paraguay…
La suite au prochain épisode !
(english translation coming soon)