Nous faisons nos adieux à l’Argentine et passons la frontière bolivienne au niveau de Villazon. Comme toute les villes frontalières, celle-ci ne déroge pas à la règle du chaos organisé qui semble régner sur ces villes. Taxis, chiens errants, tuk-tuks, vendeurs ambulants, bureaux de changes et leurs rabatteurs forment un méli-mélo dans lequel il faut se frayer un chemin. L’après-midi étant déjà fort avancée, nous devons nous trouver un endroit ou passer la nuit dans la ville. Suivant les conseils de notre application Ioverlander, nous échouons dans un motel où nous nous rendons rapidement compte que la chambre et la salle de bain commune tiennent plus de la scène de crime que d’un lieu de repos, le tout sans eau courante. Dépités, nous décidons de passer la nuit dans le combi et ne payons que l’emplacement de « parking ». Le lendemain, un nettoyage des filtres s’impose, et une fois cela fait, nous nous mettons en route vers 10h, impatients de découvrir le pays… Cap sur Uyuni et ses célèbres Salar ! Quelques 300km séparent les deux villes, et nous pensons y arriver dans le courant de l’après-midi. Une autre manifestation de notre éternel optimisme. Le premier quart de la route se passe sans encombres sur une route impeccable, à travers des paysages minéraux couleur ocre, où nous admirons des canyons et autres formations rocheuses impressionnantes. C’est en bifurquant sur la nationale 21, supposément asphaltée d’après notre carte, que les choses se gâtent. Celle-ci étant en travaux, nous sommes redirigés par des panneaux d’une taille d’un mouchoir de poche sur des pistes toutes plus improbables les unes que les autres. Amusés au début, nous désenchantons vite quand nous nous rendons compte que les hauts cols et les lits de rivières à peine asséchés constitueront notre route sur toute sa longueur. L’ascension est à nouveau vertigineuse, et le moteur peine quelques peu. Malgré cela, nous doublons un nombre incalculable de bus et d’énormes camions, et nous sommes estomaqués d’en voir autant sur cette route qui ressemble plus à un terrain de jeux pour 4×4. Le temps passe mais le nombre de kilomètres ne diminue presque pas, nous avançons avec une lenteur effrayante. Par moment, la piste se confond avec le décor et nous aboutissons parfois dans des carrières sans issue. Au cours d’une de ces erreurs de parcours, nous nous arrêtons pour consulter nos cartes. Mais lorsque nous voulons redémarrer, le contacteur se bloque et refuse de tourner assez que pour actionner le démarreur. Pensant au début qu’il est simplement grippé par la poussière, Martin essaye par tous les moyens de le débloquer, en vain. Nous sommes coincés au sommet d’une butte rocheuse et l’après-midi est déjà bien entamée. Pour ne pas que la colonne de direction ne se bloque avec la sécurité antivol, Martin entreprend de démonter entièrement le contacteur et effectue un pontage des fils afin de pouvoir redémarrer. Lorsque le moteur redémarre, c’est avec un soulagement immense que nous nous remettons en route. à partir de ce moment-là, la route s’aplanit et nous traversons un désert sableux où notre unique souci est de ne pas nous arrêter au risque de nous ensabler. Un bruit à chaque bosse nous alerte et nous constatons qu’un amortisseur s’est tout simplement dévissé avec les vibrations! En redoublant de vigilance, nous arrivons à Uyuni à la nuit tombée, complètement fourbus. C’est avec soulagement que nous constatons que le motel que nous avons trouvé est conforme à sa description sur notre appli, et nous y passons une bonne nuit bien reposante.
Un programme chargé nous attend le lendemain, car le combi a grandement besoin d’une cure de soins. Dès le matin, nous nous mettons en quête des différentes pièces nécessaires aux réparations. La ville d’Uyuni étant une étape du rallye Dakar, ce ne sont pas les « repuestas » (magasins de pièces) qui manquent, et avant midi nous dénichons tout le nécessaire : des boulons et écrous de la bonne taille (pour l’amortisseur), un contacteur et ses différentes petites pièces pour l’adapter au combi et enfin, un klaxon standard (et non pas un « cucaracha » que les gens semblent tant affectionner ici) pour remplacer celui qui nous a lâché en cours de route.
Martin passe l’après-midi à réparer, faire la vidange (et oui nous sommes déjà à 5000km !) nettoyer les filtres une énième fois et resserrer tout ce qui doit être resserré, tandis que je m’occupe de rédiger les différentes publications et articles. Nous concluons la cure de jouvence du combi par un petit car-wash, et le combi est à nouveau comme neuf et prêt pour sa séance photos qui l’attend aux Salar !
Le lendemain, le désert de sel est tel que nous l’imaginions : immensément grand, magnifique et aveuglant de blancheur. Nous y passons une bonne partie de la journée, bivouaquant à midi et nous amusant avec le jeu de perspectives en photos. Nous terminons la journée en allant voir le cimetière de trains situé à l’arrière de la ville. Le spectacle est quelque peu gâché par le fait que l’endroit à été transformé en décharge, et il est difficile de prendre les vieilles carcasses de locomotives en photo sans inclure de détritus. Ensuite, un petit retour au car wash s’impose pour débarasser le combi de tout le sel accumulé sur le châssis.
Nous passons une dernière nuit dans notre petit motel accueillant et quittons la ville tôt le lendemain matin. La route est un plaisir et nous parcourons de nombreux kilomètres dans des paysages qui donnent tout son sens au mot « aride ». En route pour le lac Titicaca, nous passons notre avant-dernière nuit bolivienne en bivouaquant dans ce qui semble être un petit cratère de météorite… le lendemain matin, nous décidons d’aller visiter des ruines Tihuanaco en passant par La Paz, non loin de la frontières péruvienne et passons la journée à flâner aux milieu d’imposants vestiges de cette civilisation pré-inca. Nous passons la nuit dans un champ à côté des ruines et le lendemain nous nous mettons tôt en route pour la frontière péruvienne, que nous atteignons rapidement. Pérou nous voilà !