Le Canada, partie II

Un bus et un avion plus tard, nous voilà de l’autre côté du Canada, à Vancouver. Ayant atterri tard dans la soirée, nous passons la nuit dans un airBnB, non loin de l’aéroport. Il pleut des cordes, nous déambulons dans le centre de Vancouver le jour suivant, mais le cœur n’y est pas trop. Nous attendons avec impatience le début d’après-midi quand nous prendrons un énième bus en direction de Chilliwack, où nous attend notre combi ! Avant le break dans notre voyage, nous avions eu la chance de rencontrer Marie et David, un couple d’expatriés français passionnés d’ancêtres VW. D’emblée, ils nous avaient proposés, en plus d’un bon coup de main pour le remplacement du câble de frein à main et de leur incroyable hospitalité, de garder notre van dans leur atelier le temps que Martin se fasse soigner. Marie, David, si vous passez par ici, encore mille mercis pour votre gentillesse et votre aide !

Comme d’habitude, le combi démarre au quart de tour ; mais avant d’entamer notre traversée du Canada, il nous reste à aller récupérer un colis un peu spécial à l’aéroport de Vancouver… Alice, la sœur de Martin, se joint à nous pour notre périple transcanadien! Après avoir donc récupéré Alice et passé une bonne nuit de repos, nous nous mettons en route, direction les Rocheuses et ses incroyables parcs nationaux. Le premier jour, la route est sinueuse mais l’ascension, modérée. Martin au volant, Alice à l’avant et moi, sur la banquette arrière qui sert pour la première fois. Le road trip prend une autre dimension, avec un petit quelque chose de « Kerouacien ». Nous longeons un chemin de fer dans un paysage plutôt aride, les montagnes se profilant à l’horizon, toujours plus proches. Vers la fin d’après-midi, la pluie recommence à tomber, il est temps d’arriver à notre étape ! L’étape en question, répondant au doux nom de Blue River, peut à peine prétendre au titre de hameau. Une pompe à essence, deux motels dont le nôtre, tenu par un grec, et un resto-grill…grec. Le panneau affichant « Welcome to Blue River – population 283  », nous laisse perplexe. Le recenseur voyait-il double au moment de compter les habitants ? Nous en sommes à notre deuxième nuit en motel, et on commence presque à s’habituer à la taille immense des chambres et des lits. Le lendemain, la pluie a cessé, et nous entamons notre ascension dans les Rocheuses. Notre progression est lente, non pas à cause de la route –on est loin des pistes « spaghetti » sud-américaines–­ mais à cause de nos arrêts fréquents pour photographier le paysage, à couper le souffle. Ce sont les grandes immensités des Rocheuses canadiennes telles qu’on se les imaginait, en mieux. Nous arrivons à Jasper en fin de matinée, et après avoir réglé la question du logement pour le soir, on emprunte la route d’une trentaine de kilomètres qui nous mène au Lac Maligne. La température chute considérablement, et lorsque nous arrivons au parking proche du lac le van fait ses premiers « pas » sur la neige. Et soudain, on aperçoit une silhouette dans les sous-bois… un orignal ! « La maman n’est pas loin », nous informe une promeneuse passant par là. Le lac nous semble nettement moins intéressant, face à ses animaux à l’aspect étrange. Le veau, qui broute à quelques mètres à peine de nous, ne semble pas le moins du monde se soucier de notre présence, pas plus que sa mère, qu’on discerne un peu plus loin. De retour à Jasper, après une promenade dans les alentours du lac, nous arpentons les petites rues de la bourgade, qui s’étale entre les montagnes enneigées et le chemin de fer. Des biches se baladent en toute tranquillité dans les rues.

Le lendemain, nous empruntons la promenade des glaciers, cette route de 232 kilomètres reliant le parc national de Jasper à celui de Banff, réputée pour ses panoramas incroyables. Nous ne sommes pas déçus. Des cascades d’Athabasca jusqu’au glacier du même nom, nous en prenons plein les yeux. Et pour la première fois, nous allons mettre les pieds sur un glacier… peu de mots peuvent décrire le ressenti qu’on a face à ces immensités glacées, entourés de certains des plus hauts sommets du Canada, alors que le souffle court nous escaladons la montagne jusqu’au front du glacier Athabasca. Les rayons de soleil sont les bienvenus, pour atténuer le froid glacial; pas de doute, les températures sont largement en dessous de zéro. Nous consacrons l’après-midi à cette petite randonnée. Au pied du glacier, un petit ruisseau issu de la fonte des glaces nous donne l’occasion de goûter à une des eaux les plus pures qui puisse exister. Sur le retour, des repères jalonnent le chemin qui nous ramène au parking, marquant la fonte du glacier depuis 1850. On ne peut que constater l’accélération du recul des glaces ces quatre dernières décennies ; certains guides affirment la prochaine génération n’aura pas la possibilité de le visiter… Nous qui pensions avoir vu le clou du spectacle avec le glacier, les quelque cent kilomètres nous séparant de notre étape nous réservent encore plus de panoramas grandioses. Sous le soleil couchant, la route sillonne entre des sommets enneigés, et nous passons par des lacs cristallins, semblables à des miroirs géants. Par comparaison avec ces paysages, le lac Louise nous semble presque banal, le lendemain. C’est sur cette dernière vision d’eaux turquoises que nous quittons les rocheuses et mettons le cap vers l’est.

En moins de trois heures, nous dégringolons, nous passons de paysages montagneux à des champs à perte de vue. Le contraste est saisissant, mais on nous avait prévenus. La monotonie des plaines est presque aussi mythique que les incroyables paysages que nous avons traversés ces derniers jours. Des champs, des champs, encore des champs. Les kilomètres d’autoroute s’enchainent et se ressemblent. Et puis, contre toute attente, le deuxième jour de plaines, le sol s’ouvre devant nous et un paysage torturé s’offre à nos yeux, les « badlands ». L’occasion de visiter un des sites les plus riches en fossiles de dinosaures, dans le Dinosaur Provicial Park. Cette halte est un divertissement bienvenu, après plusieurs centaines de kilomètres planes où les uniques fantaisies du paysage sont des silos à grains. Même les villes s’élèvent à peine au dessus des plaines.

Un peu avant d’arriver à Winnipeg, ayant bifurqué vers le nord en direction du Mount Riding National Park, nous sommes surpris par une grosse tempête de neige. Nous arrivons tant bien que mal à l’unique hôtel encore ouvert à proximité du parc. Le but de ce détour un peu fantaisiste? Voir des bisons. On n’a plus qu’à croiser les doigts pour que la neige ne nous bloque pas, le lendemain. Il neige toute la nuit, mais les déneigeuses se sont déjà bien activées quand nous émergeons le lendemain, et les routes principales sont tout a fait praticables. Dans la station-service du village voisin, nous tentons de nous réchauffer avec un café quand un homme du cru entre et dit triomphalement : « Winter is coming ! ».

Comment ça, winter is coming ?

La chose est indéniable à mesure qu’on s’enfonce dans les bois, vers le lieu de pâturages où nous avons le plus de chances d’observer des bisons. Mais avant cela, nous avons la surprise de tomber sur un ours, occupé de se gaver de baies dans un arbre au bord de la route. Pendant 15 minutes, il devient la star de notre shooting photo, avant que nous poursuivions notre route. Les bisons sont là où on les attendait, fidèles au rendez-vous. Bien que semi-sauvages, ils n’en sont pas moins très impressionnants. On manque de s’enneiger devant leurs mines patibulaires, mais il y a plus de peur que de mal, et après quelques derniers clichés, on quitte le parc.

Quand nous rejoignons l’autoroute transcanadienne, nous laissons l’épaisse couche de neige derrière nous, à notre grand soulagement. Nous entamons la seconde moitié de notre roadtrip. Après Winnipeg, nous entrons en Ontario avec ses interminables forêts. Le soir d’Halloween, nous avons beaucoup de mal à trouver un motel ouvert. Il fait noir depuis longtemps, et le givre a envahi l’intérieur du van, quand nous atterrissons enfin dans le seul motel miteux ouvert à des kilomètres à la ronde. Sur notre bucketlist, on avait marqué « dormir dans un motel pourri comme dans les films ». Voilà qui est chose faite. Le lendemain matin, on ne demande pas notre reste et on quitte l’endroit de bonne heure. Un long tronçon de route nous attend, car nous voulons être aux chutes de Niagara le surlendemain, un vendredi, pour éviter la foule du weekend. Après les chutes, où nous ne nous attardons pas, nous mettons le cap sur Toronto, qui s’avérera être notre « coup de cœur » urbain du voyage, avec ses quartiers à échelle humaine côtoyant d’immenses gratte-ciels. Notre avant dernière étape est à Brockville, petit patelin au bord du fleuve Saint-Laurent. Après avoir visité la curiosité locale, le plus ancien tunnel ferroviaire canadien, nous passons la soirée dans un pub où toute la population locale semble s’être réunie pour danser et chanter en karaoké ; nous détonnons certainement un peu, accoudés sagement au comptoir, mais nous profitons de ce spectacle pour le moins…pittoresque.

Le jour suivant est notre dernier sur la route. Nous sommes sur le point de clore notre road trip transcanadien, et nous arriverons dans l’après-midi à Sainte-Agathe-Des-Monts, où nous attendent des cousins éloignés de Martin et Alice. Pour les derniers kilomètres, nous délaissons l’autoroute et parcourons les routes de campagnes, pour profiter pleinement de cette dernière étape du voyage.

 

Nous profiterons de notre relative sédentarité dans les deux semaines qui suivent pour organiser concrètement la suite de notre voyage… en Asie !

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